Première rencontre et rosbif dominical

Toutes celles et ceux ayant déjà vécu une belle romance d'amûr pourra je pense sourire à ce billet (enfin j'espère). J'ai eu la chance aujourd'hui de tomber sur un moment d'une jolie rareté. Une petite parenthèse de vie aussi banale que merveilleuse à mes yeux. 

Je vous peints le contexte. Une rue de Seine et Marne. Un couple qui se tient la main. Jusque là rien de bien original. La femme, tout sourire au lèvres déambule avec nonchalance, habillée comme d'ordinaire et pas coiffée sur la totalité de sa perruque. On sent qu'il n'y a dans sa préparation aucun soin particulier, c'est le week-end, j'ai envie de dire : c'est normal. 

Monsieur au contraire parait dénoter. Malgré un petit vent frisquet il est en chemise blanche, griffée, petits boutons noirs reluisants, le tout rentré de force dans un pantalon de costume lui aussi onéreux. Le brushing est soigné tout en hauteur et en bouclette aussi bien qu'on dirait Jean de Top Chef. Les chaussures sont cirées et leur bout pointus l'oblige à marcher légèrement en canard. 

D'une main sa douce et tendre de l'autre un petit sac de chez Nicolas renfermant un grand cru. 

Tout s'éclaire en une nanoseconde : ça sent la première rencontre chez les beaux-parents. 

Il est en effet des situations clé dans la vie où tout est calibré, orchestré et surtout mais alors surtout repérable à 100 mètres. Ce couple porte sur son visage l'activité de leurs prochaines heures. Ils cocotent de loin LA fameuse rencontre c'est évident, ça crève les yeux et très franchement ça fait sourire (un peu moqueuse je dois le reconnaître). 

Monsieur joue les touristes commentant chaque demeure alors qu'au fond on se doute que les aisselles transpirantes à l'idée de bien faire, il s'en fout un peu. Madame ravie pavane se disant que de doute façon tout se passera bien (naïve). 

Ces quelques centaines de mètres dans leur vie m'aura fait prendre une bouffée d'air frais, qu'il est drôle de saisir au vol ces petits instants de la vie quotidienne, surtout lorsque ceux là sont offerts avec aussi peu de camouflage. 

Je les quitte sur le pas de la porte des beaux parents. Madame réajuste le col de Monsieur, lui prodiguant quelques dernier conseil. Elle a autant un sourire confiant que le sien est crispé. 

Pas de doute sur le déroulement de la journée. Régine viendra ouvrir en tablier "oh c'est vous - Jean-Michel descend les enfants sont arrivés - entrez vite - ça me fait plaisir de vous rencontrer - on m'a tellement parlé de vous - j'ai fait du gigot ça vous va ? - Jeaaaaan Michel tu viens oui !!! - Une bouteille, pour nous ? Mais fallait pas"... 

Ça vous dit quelque chose ?