Les couples du dimanche après-midi

Il s’en passe des choses sur un quai de gare. Des adieux bien sûr, des pleurs. Des retrouvailles. Je suis tombée hier, sur une brochette de ce dernier type. Un couple comme il s’en fait de plus en plus. La petite cinquantaine déjà bien entamée, l’œil plus pétillant que deux adolescents.

Ces deux là se retrouvent, s’enlacent et s’embrassent avant même d’atteindre la fin des marches. Elle a sorti ses plus beaux atouts du dimanche. Un costume bleu marine dans lequel elle boudine un peu mais il fait bien. Les cheveux sont permanentés de frais, les bouclettes tenant encore à grand renfort de laque. Elle a dit à son coiffeur hier : « allez-y franchement, c’est pour un rendez-vous galant ». Elle a engoncé ses jambes dans des bas noirs pour le côté sexy, des petits talons qu’elle n’a pas mis depuis longtemps viennent affiner le mollet plus si jeune. Qu’importe, elle se sent belle et désirable et ça se voit. 

Lui n’est pas en reste, l’amour retrouvé lui donne des ailes. Malgré le temps un peu frais de février il ne porte qu’une chemise en jean, ses plus beaux apparats, un jean repassé. 

Ses deux là se baladent le long du quai main dans la main, presque tenues au dessus de leur tête pour faire voir leur attachement au monde entier. Ils transpirent la fierté, l’amour. Tels deux ados pris dans le tourbillon du premier amour, ils s’aiment au grand jour. On sent en eux les prémices d’une romance nouvelle, cette envie de plaire qu’importe le monde, qu’importe l’âge. Je ne les connais pas, je ne sais pas quelle est leur vie. 

J’imagine cependant en les regardant une nouvelle chance en amour. Deux êtres qui se pensaient définitivement relayés au banc de touche de l’amour, se retrouvant à jouer les prolongations en première ligue.

Une fierté émouvante pour un petit moment furtif qui m’a donné envie de leur dédicacer ce billet, en espérant que malgré la couche impressionnante de Terracotta que madame s’était étalée sur les joues, elle arrive quand même à être touchée !