Comme à peu près 70% des franciliens ces derniers jours, je me suis offert une escapade à la mer. Air iodé, sable sous les pieds, fruits de mer et... restaurant.
Les embruns du large ont pour eux de vous coller un creux au milieu du ventre sensiblement proportionnel à l'abysse occasionné par le Calva régional.
Je me suis donc offert quelques petites gourmandises à la carte (enfin, au menu mais passons). Et si mon petit groupe et moi avons profité des spécialités locales, une autre coutume m'a frappée alors que je dégustais ma Saint-Jacques en coquille.
Des couples tout autour de moi, déjeunant dans le silence le plus absolu. Petite quarantaine dépassée, pour certains une cinquantaine assumée, les yeux dans le vague ou perdu sur la carte, ne se consultant que d'un coup d'oeil voulant tour à tour dire "Tu as choisi ?" ou "On demande l'addition" pour enfin convenir d'un "On y va ?" aussi tacite qu'implicite.
Je conviens que les années passants, les sujets de discussions deviennent rare. Mais quelle tristesse de ne plus rien avoir à se dire jusqu'à ignorer l'autre, cherchant n'importe quel prétexte pour y accrocher son regard.
Alors perdu au loin, Madame se demandera s'il l'a trouve toujours aussi belle, il se dira que ce week-end au bord de l'eau était une bonne idée. Ils se complairont dans ces non-dits servis sur un lit d'habitude, arrosé d'une routine bien mal assaisonnée et manquant de piquant.
Ils paieront la note de leur compte joint, et iront faire un tour sur le port, gardant chacun les mains dans les poches de leur blouson tant pour éviter ce petit vent qui vient de se lever que pour toucher celui qu'au fond on ne connait plus.
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