dimanche 19 mai 2013

Voyage intergénérationnel

Par la force des choses, j'ai la passion des trains. Cela remonte sûrement à l'époque de mes études où je passais quasiment plus de temps dans les wagons de la SNCF que sur les bancs de la faculté. 

Mais aujourd'hui encore, le train reste mon moyen de transport préféré. Ce sentiment de vitesse, le paysage qui défile, le confort d'une voiture chauffée et peuplée (enfin pas trop). J'aime le train un point c'est tout. 


Je suis de celles qui ont du mal à faire autre chose quand je me déplace. Je reste là, contre la fenêtre le regard perdu au loin et casque sur les oreilles me délivrant une musique réconfortante. Je suis dans une bulle et je profite de chaque voyage pour m'évader. 



Aujourd'hui une drôle de petite dame est venu me rejoindre sur mon nuage. Une personne âgée avoisinant les 75 ans, intriguée par ma façon de tapoter sur mon smartphone est venue me tenir compagnie. Elle même heureuse détentrice d'un petit Samsung dernière génération, elle avait quelques questions à me poser sur cet engin tout neuf qui lui posait autant de soucis que la fascinait. 

Quelques points technologiques plus tard, on se raconte notre vie sans nous connaitre. Elle n'a pas d'enfants et a perdu l'une de ses soeurs qui lui manque beaucoup. Je lui raconte mon métier, ce que j'ai été faire sur Paris. Elle me confie être une fervente accro du net, et se met au défi chaque jour de rester à la page et de ne pas se faire distancer par ce monde qui tourne trop vite. 

Elle me rappelle que le temps est précieux, qu'on n'a pas assez d'une vie et que chaque minute doit compter. Je m'étonne que ce petit brin de femme soit si dynamique, si à la page. Elle rayonne malgré le voile de nostalgie qui embrume ses yeux à l'évocation du temps qui passe. 

Sa surprise à l'idée de me savoir sans fiancé est touchante, elle s'étonne de la bêtise des garçons en rajoutant "et pourtant je suis exigeante, mais vous avez l'air d'une fille bien" (à bon entendeur ^^). 

Elle me quitte deux gares plus loin, smartphone en poche qui a désormais retrouvé sa sonnerie. Elle me glisse que mes parents doivent être fiers de moi, s'en va cultiver ses tomates dans son micro-potager "mais en ce moment avec le temps, et je n'ai pas la main verte !...". 

Durant le quart d'heure qu'aura duré notre échange elle aura été la grand-mère que je n'ai plus et peut être aurais-je été une petite fille qu'elle n'aurait pas été contre d'avoir. 

Le train c'est aussi ça, des rencontres imprévisibles et furtives qui se terminent à chaque station. Des morceaux de vies échangés entre personnes qui ne sont pas faites pour se rencontrer mais qui l'espace d'un instant partagent plus qu'un wagon mais bien parfois une parenthèse d’existence


Au plaisir de vous recroiser Marie.


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