jeudi 2 juin 2016

Pardon chers touristes

Très cher touriste qui visite la capitale en ce printemps,

Au nom du peuple du Lutèce, je te pris d'accepter mes excuses.

Je te le dis humblement, sincèrement, un peu honteusement, aussi. Je te connais touriste. Tu es celui qui ne se tient pas dans le métro et qui m'écrase les pieds quand on démarre et que tu perds l'équilibre "oops, sorry". Tu te prends en photo devant les monuments avec une bouche en coeur, la tête posée sur celle de ta dulcinée.



Tu achètes des Tour Eiffel en ferrailles et tu te fais avoir en en achetant 5 pour "moins cher". Tu souris dès le matin et tu ne trouves pas que les terrasses des cafés avec vue sur la Seine sont à la limite du hold-up organisé.

Je t'aime bien touriste, vraiment. Sauf quand tu avances pas trop trop vite sur les trottoirs en marchant à 4 de front. Là, je reconnais, je t'aime un peu moins.

Mais j'aime te regarder de biais, discrètement, et je rêve parfois d'être dans ta tête. Pouvoir voir cette ville que je connais depuis toujours à travers tes yeux me fascine. Parfois j'aimerais être toi. Mais pour ça, il faudrait que je parte dans ta ville, à toi, mais j'ai pas de vacances. Bref c'est pas le débat.

Touriste, je suis désolée. Ca doit faire 2 ans, que tu mets de l'argent de côté pour pouvoir te payer ce voyage. Tu t'es privé de petites sorties romantiques, tu as économisé chaque sous pour faire la surprise à ta moitié. Et te voilà à Paris, ville de l'amour, ville... qui fait ce qu'elle peut, et qui, en ce printemps 2016 fait TOUT ce qu'elle peut... pour te gâcher la vie.



A commencer par la pluie, incessante, lancinante... froide qui rempli te chaussures de demie-saison.
Tu te cailles comme jamais, tu es humide H24 et en prime, tu ne peux même pas regarder Roland Garros sur le post-it qui te sert de télé dans ta chambre d'hôtel car les matchs sont annulés.

Et puis les grèves aussi, ce qu'on fait de mieux par chez nous. Encore plus typique que le Sacré Coeur ! Elles aussi elles te pourrissent bien le voyage.

Je passe aussi sur l'humeur du Parisien de base, maussade comme le temps...

Alors touriste, vraiment, je suis navrée. Je te jure que Paris ça n'est pas ça ! Ca n'est pas qu'une bande de râleurs par principe se donnant des coups de parapluie entre deux stations de métro.

Paris, c'est aussi l'une des plus belles villes du monde, où parfois il fait beau aussi, et où il est possible de rêver, de croire que tout est possible.

C'est beau Paris, petit touriste et mon coeur pleure encore plus que les nuages de te dire que tu vas repartir en pensant que c'était le voyage le plus raté de ta vie.



Alors si tu peux...reviens ! Promis, on fera un effort. On commandera le ciel bleu et on parlera pas politique. On fera marcher les trains et tu seras pas obligé de nager le 50m entre deux musées. Tu vivras comme un parisien, tu te feras une terrasse au soleil (hors de prix, on ne reviendra pas là-dessus), tu te feras caricaturer à Montmartre sans que ça ressemble aux pendules de Dali, tu feras Paris Plage, sur le sable et non pas les pieds dans l'eau.

Ca vaut le coup... vraiment, même si là, je le sais. Tu en doutes !

Bien à toi.

La ville de Paris. 


Ps : Revient mon touriste revient... parce que la France, elle a besoin de toi (aux vrais qui comprendront la référence). 






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