mercredi 2 novembre 2011

Mon beau chrysanthème, roi des cimetières


J’ai l’extrême chance de vivre à côté d’un cimetière. Ce qui veut dire qu’en tant ordinaire, c’est calme… très calme.

Et bien il y a un jour dans l’année, un petit jour où le parking se rempli encore plus vite que pour la brocante annuelle du quartier. 1er novembre, tradition oblige, on va visiter nos morts. 




Moment aussi forcé qu’ennuyeux, il faut bien le dire, c’est un peu le passage obligé. La promenade de santé des vivants, l’hommage à peine forcé à nos défunts.
Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’en cette journée pluvieuse de novembre les processions se sont faites nombreuses. Déprimantes aussi, mais pas de chagrin : d’ennui !

Entre la veuve tirant sur ses 90 ans qui se traine, canne branlante au bras de son fils et de sa bru, l’œil rivé sur la montre de luxe, l’air de dire « bon reste 2 minutes et après on y va »
La famille venue en renfort de nombre dont les deux filles soupirent à chaque pas, l’une maquillée comme pour vendre son corps, l’autre faisant claquer son malabar jusqu’à en faire trembler le mausolée de m’sieur René. 


Le mari, haineux de louper la retransmission du match de foot de la veille qui porte le chrysanthème énorme pour Tata Georgette, arrière grand tante de sa deuxième femme que ni lui ni elle n’a jamais connu. D’ailleurs son regard haineux posé sur moi m’a fait réfléchir à une question : était-il le plus rageur pour l’heure jetée aux orties ou pour l’argent dépensé dans le bouquet de fleurs jaune canaris qu’il portait tant bien que mal dans ses bras potelés ?



De tout ce que j’ai pu voir hier, si le 1er novembre n’est pas une tradition qui se perd (n’est déplaise au JT de TF1) la tradition prend, comme souvent des allures d’obligation qui n’empreinte plus au respect mais bel et bien à la contrainte. Si les morts nous tuent le temps et que la journée devient funèbre, sachez toutefois que pour la jardinerie logée pile en face de l’entrée du cimetière, la journée du 1er novembre a eu un petit goût de paradis.

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