mercredi 9 novembre 2011

La Sardine


Tout parisien (habitant la capitale, y travaillant ou juste de passage pour un petit instant touristique) a vécu au moins une fois la bonne vieille épreuve de la sardine. 


Non, pas le fait de danser bien amoché à 3 heures du matin sur les quais de Seine en fredonnant le tube au combien connu de Patrick Sebastien du même nom. Non la sardine c’est le fait de se retrouver coincé, tel un petit poisson odorant, collé à ses semblables, le tout hermétiquement enfermé dans un métro surchauffé et puant. 

La sardine c’est ça, un voyage de quelques stations qui se semble durer des heures où ton corps ne forme plus qu’un avec celui des étrangers qui t’entourent et dont tu pourrais à la suite de l’expérience dessiner les formes avec un sens aigu du détail. 

La sardine c’est le fait de sentir contre toi des corps chauds, transpirants alors que tu n’es pas du tout mais alors du tout en mode intime. C’est le fait de sentir te frôler la chaleur de l’haleine de ton voisin, soupirant à plein poumons qu’il y a trop de monde.

C’est le fait de sentir sa poitrine se gonfler contre ton dos (et donc réduire d’autant ton espace vital déjà lui-même réduit de 80%) suite à cette inspiration exagérée. 

C’est le fait aussi de te retrouver coincée dans une position de yoga pour niveau expert : le poignet formant un angle droit contre la barre crasseuse, les jambes écartées avec un voisin impatient et donc frétillant dansant la zumba au niveau de ton genou, le pied gauche sur la pointe de l’os, l’autre bras coincé contre ton flanc tenant par le majeur ton sac à main d’une manière à la fois désespérée et douloureuse. 


C’est le fait aussi, de sortir rouge, transpirante et à bout de souffle ne sachant pas ce que tu laisses derrière toi : ta besace restée coincée entre deux usagers, ta veste extirpée de tes épaules en tentant l’impossible pour sortir, une chaussure, ton dentier, 3 litres de sueur… 

Impossible de prévoir, sachez toutefois que vous y laisserez une chose : un bon morceau de votre dignité.

Alors oui, Paris est l’une des plus belles villes du monde, oui Paris est romantique… Paris est belle, c’est la ville des amoureux, mais c’est aussi la ville des rames bondées touchées par la grève et où un usager peut le temps d’un trajet devenir plus intime que celui qui partage ton lit et autant dire que ça… ça n’a rien de romantique.

Alors en cette période de grèves spontanée, je vous laisse ce soir j’ai "BBQ sardines"… et je sens que je vais conclure !


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