vendredi 4 mars 2011

Le club des lectrices anonymes

C’est bien connu, dans les transports en règle générale tout m’énerve.
Les tuberculeux qui te postillonnent dessus, les bébés qui braillent à plein poumons, les accros du téléphone qui parlent trop fort et de choses inintéressantes, les commères de bureau qui cancanent dès 7h30, les trop à l’aise qui écartent les coudes jusqu’à t’en faire des bleus… bref les associables du transport public !

Mais il y a quand même 2-3 trucs qui, je dois bien l’avouer, me font me délecter de ces 2 heures de trajet quotidien. Et l’un d’eux, je vous le donne en mille, ce sont les lectrices de bouquins à l’eau de rose.
Pas parce qu’elles lisent de la littérature de gare bon marché, oh non ! Ca grand bien leur fasse je m’en fous ! Ce qui me fait rire, c’est la honte qui se lit sur leur visage.

Le spécimen est très reconnaissable. Entre 40 et 50 ans (quoi que la soixantaine bien sonnée pour mon cas d’étude de ce matin), femme active mais pas trop, mariée depuis déjà pas mal d’années, des enfants qui commencent à prendre leur indépendance et un énorme vide affectif qui se laisse poindre. Résultat, notre femme mi active mi foyer, elle s’en va faire une petite razzia chez Virgin et rempli le caddie de 3-4 bons vieux Arlequin à lire discrètement sous la couette pendant que Papa ronfle.
Passion enflammées, désirs interdits, notre ménagère prend goût à sa lecture et ne ratte pas une occasion de dévorer une page de fougue brulante. Le souci c’est qu’encore au fond du pieu personne ne regarde, mais dans un RER bondé, les voisins ont tendance à ricaner devant les couvertures de ces petits romans au titre souvent éloquant.



Alors Madame triche et enveloppe le livre dans une couverture de papier, unie pour certaine, parfois faite maison avec une vieille feuille d’écolière. On se croirait revenu au primaire : sortez vos cahiers rouges. Ah les bons protège-cahiers, qui aurait cru à 8ans que ces ladies s’en serviraient toujours à 40 ?!
Le truc c’est que l’enveloppe ne cache en réalité pas grand-chose, car tout à chacun sait ce qui se cache derrière. Elle le sait, je le sais et le pire c’est qu’elle sait que je sais mais ce qui me fait rire c’est que derrière ce petit pêcher non assumé ne se cache pas en réalité qu’une honte de dissimuler ses secrètes lectures au regard de tous, car même si le livre était transparent, on devinerait quand même ce que ces petites dames dévorent rien qu’en regardant leur visage : curieux, rougissant, et dévorant les pages jusqu’à la dernière minute de trajet.
Le train s’arrête, le wagon se vide, le précieux ouvrage est rangé précieusement, un regard à droite un regard à gauche pour s’assurer de ne pas avoir été démasqué… jusqu’à la prochaine rame.

2 commentaires:

Jippel a dit…

MDR !! Heureusement que tu es là pour les démasquer ! C'est marrant mais pas plus tard qu'hier, je me suis retrouvé assis à côté d'un mec dans le RER, la 40aine, un peu précieux et avec un bouquin de ce genre ! Je zyeutais un peu : police d'écriture énorme et quelques dialogues insipides ! Il ne se cachait même pas pour le coup lui... Il ne cachait d'ailleurs pas non plus sa joie d'être à mes côtés par ces petits mouvements de jambes en ma direction mais ça c'est un autre problème dont tu pourrais faire un article ;-D

Piou a dit…

MDR coquinou !!!
N'empêche il assume ses lectures, c'est beau :)